Après la disparition de Claude François, le 11 mars 1978, sa famille conserve le Moulin durant six ans.

Le 17 juillet 1984, Alain Dominique Perrin, ami du chanteur et tuteur de ses enfants, Claude et Marc, se résout à se séparer d'une propriété dont le fonctionnement est trop lourd a supporter.

Le Moulin devient alors la propriété de Monsieur et de Madame Fonseca.

A leur suite, plusieurs propriétaires vont se succéder.

Le 10 mars 1998, Monsieur et Madame Pascal Lescure acquièrent le Moulin.

Pour ces deux commerçants du Sud-Ouest de la France, passionnés par la carrière de Claude François, c'est une belle et formidable aventure qui commence.

Aidés par leur fils Julien, ils démarrent une nouvelle vie à Dannemois et tentent de redonner à la célèbre propriété la flamboyance et l'éclat qu'elle avait du vivant du l'artiste.

Sans jamais trahir ni galvauder l'univers créé par Cloclo, contre vents et marées et n'écoutant que leur cœur, ils décidèrent de transformer le lieu en un véritable musée dédié à la mémoire de l'artiste français le plus populaire de son temps.

A force de persévérance et d'effort, ils parviennent à restituer la décoration, à recréer le parc, à redonner vie à l'aquarium et à la piscine...

ils créent aussi dans l'enceinte du bâtiment principal, un restaurant accueillant qui est aujourd'hui une référence en matière de fêtes et de bonne chère.

 

Pas étonnant donc, qu'en l'espace de sept ans, le Moulin de Claude François soit devenu l'une des propriétés les plus visitées de France.

Chaque année, des milliers de personnes viennent y rattraper leurs rêves de gosses faufilés dans les eaux vives de « l'école » et dans le bleu d'une piscine d'idole.

L'esprit Cloclo souffle toujours sur ce domaine qu'il aimait tant et qui lui survivra longtemps.

Certains soirs, sous un ciel étoilé d'été, une silhouette fine semble se faufiler à toute allure, dans les allées du parc...

on appelle ça la magie des demeures de légende...

 

Bien que petit consommateur, Claude François est amateur de grands crus.

C'est pour cela qu'il fait aménager une cave dans une grange de la propriété.

La porte blindée et personne ne peut y entrer sans son autorisation.

Ce lieu devient le domaine réservé du chanteur.

Il est d'ailleurs le seul à en avoir la clef.

Il tient un registre très précis avec le noms de vins, les millésimes, la date à laquelle ils ont été servis et le nom des plats qu'ils accompagnaient.

De chacune de ses tournées, il apporte des crus prestigieux comme des Hochschild ou des Château-Yquem, qu'il réserve à ses invités en fonction des menus.

Avant chaque repas, Claude s'isole dans sa cave pour les choisir avec attention.

Dans cet endroit, il se sent un autre homme.

Le calme, la pénombre et la fraîcheur douce lui font, selon lui, beaucoup de bien.

 

Pour Claude, le Moulin doit être un lieu d'exception, chaleureux, entièrement voué à l'otium.

Sous le toit du Moulin, il se fait installer une salle de jeux et une salle de projection qui lui sert à voir et à revoir des films qu'il loue dans le monde entier.

Au fil des années, il achète les terrains avoisinants pour étendre son espace de liberté.

E 1976, il se fait construire un terrain de tennis ou il dispute régulièrement des matchs avec ses amis ou ses enfants.

Claude est un excellent joueur.

Sa passion pour ce sport remonte à son enfance en Égypte.

Il l'apprécie pour sa noblesse et les efforts physiques qu'il nécessite.

Lorsqu'un de ses invités ne sait pas y jouer, Claude se transforme en professeur d'un jour.

De 1964 à 1978, le Moulin occupe une place essentielle dans la vie du chanteur.

Il en fait un lieu de prestige ou il reçoit tous ceux et celles qui font le show-biz des années 60-70.

dans ce palais d'Éden, tout n'est que plaisir, délices et voluptés et les plus belles réceptions de l'époque y sont données.

 

De ses origines orientales, Claude François a gardé un sens inné de l'hospitalité.

Chaque fin de semaine, il invite une vingtaine de personnes chez lui.

Dix-neuf chambres sont d'ailleurs prévues à cet effet.

Chacune d'elles est méticuleusement préparée avec des convives dépend des circonstances et des intérêts du chanteur.

Ainsi, lors des réceptions au Moulin, on peut croiser des animateurs de télévision, des journalistes et des programmateurs de radio que l'artiste remercie ainsi de leur soutien.

Il y a aussi des amis chanteurs, quelques collaborateurs zélés ou des auteurs-compositeurs dont Cloclo attend l'exclusivité de leur créations.

Tout est prévu pour satisfaire ce beau monde.

A commencer par une table ouverte ou les plats égyptiens, grecs et italiens se mélangent subtilement.

Claude sait aussi distraire ses invités : projections privées de films, parties de ping-pong et quand le temps le permet, parties de tennis ou séances de piscine.

Et si ils n'ont pas d'équipements pour cela, pas de problème !

Le chanteur possède des maillots de bain et des panoplie de tennis pour tous ses invités.

 

Claude François se sert donc de son Moulin pour asseoir son prestige comme un prince se servirait de son château.

Les photos dans la propriété s'étalent dans la presse.

Les allusions évidentes ou pas à cette « Ferme du Bonheur », peuplent le répertoire de l'artiste, accentuant la magie communicative dans l'antre de l'idole.

Logique donc, dans ces circonstances, que la propriété survive encore aujourd'hui dans les mémoires collectives.

 

Comme aux jours heureux de son enfance à Ismaïlia, Claude François décide de s'entourer de sa famille.

Sa mère Chouffa, qui a en charge de superviser la cuisine, sa sœur Josette et son beau-frère Éric Eschenlohr viennent donc vivre avec lui.

Plus tard, sa compagne Isabelle Forêt et leurs deux enfants, Marc et Claude habiteront également la propriété jusqu'en juin 1973.

toujours dans le souci de retrouver les fastes d'antan, Claude engage deux domestiques soudanais d'une trentaine d'années, Taha et Abouzeid, qui a recruté par l'intermédiaire de l'ambassade de Soudan.

Ils servent en veste blanche et Claude parle arabe avec eux.

Loin de la gloire, à Dannemois, Claude redevient un homme ordinaire qui s'occupe de ses enfants, profite de ses amis, de sa famille et laisse libre cours à ses passions.

Il adore la nature et l'horticulture qui constitue pour lui une véritable récréation loin des feux de projecteurs.

Au Moulin, il passe donc de longs moments à s'occuper de ses plantes, de ses fleurs et de ses arbres.

C'est pour lui un exercice reposant et apaisant.

Toujours très proche de la nature, il fait en sorte que sa propriété soit un immense jardin luxuriant ou il peut laisser libre cours à ses inspirations.

Claude aime se laisser étourdir par la roue à l'aube qui tourne inlassablement dans le bief.

Le chanteur trouve ce spectacle très beau et passe de longs moments seul, à la contempler.

En hiver, quand il gèle, Claude fait tourner la roue pour que la glace la bloque en mouvement.

L'eau qui s'écoule des pales se solidifie en stalactiles de glace qui scintillent le soir à la lumière des projecteurs, pour le plus grand plaisir du chanteur.

 

Comme Claude François adore les animaux, il fait aussi de ce Moulin une véritable Arche de Noé.

Évoluant en totale liberté, on y trouve des poules, des faisans, des grues africaines, le singe Ness-Ness, quatre chiens, quatre cygnes blancs, quatre flamants rose, deux paons et quatre chats dont le fameux Léon, que Claude tient dans ses bras sur la pochette du 45 tours « pourquoi pleurer » de 1975.

Il y avait, entre autre Plouf le Cocker (qui figure sur la pochette du 45 tours « petite mèche de cheveux »), il offra le frère de Plouf à Sylvie Vartan.

Le pauvre Plouf eu un bien triste destin et porta bien malheureusement bien son nom !

Il adorait faire des plongeons dans l'eau, un jour il plongea mais ne parvint pas à se dégager des pales de la roue à eau du Moulin, il fût noyé.

autre fierté de la star, un aquarium géant.

Il est installé entre le 3 et le 20 décembre 1974, par un certain Guy favé, sur un pan de mur de la Maison Américaine.

Ce gigantesque aquarium rassemble de nombreux poissons exotiques qui font le bonheur et l'admiration des enfants de Claude et de leur copains invités au Moulin.

Jusqu'au bout, Claude se souciera de cet aquarium au point que la veille de sa disparition, il enragera contre une malencontreuse panne d'électricité qui a failli coûter la vie à tous ses poissons !

 

HISTOIRE D'UNE DEMEURE

c'est au printemps 1964, après bien de recherches, que claude François trouve la maison de ses rêves.

Elle appartient alors à un couple de pharmaciens, Monsieur et Madame Michelat, installé dans le village voisin de Courance.

L'heure de la retraite ayant sonné, ce couple décide de vendre sa propriété pour partir s'installer dans le sud de la France.

Claude, qui cherche depuis quelque temps un havre de paix aux portes de Paris, entend parler de cette vente.

Dès la première visite, il a le coup de foudre pour cet ancien Moulin à grains.

Situé à moins de soixante kilomètres de Paris, près de Milly-la-forêt.

Il est facile d'accès par l'autoroute du Sud, depuis l'appartement parisien du chanteur, au 46, boulevard Exelmans.

L'endroit empreint d'histoire fascine d'autant plus Claude.

Quand on naît en Égypte, on sait apprécier la magie des lieux millénaires.

 

Ce moulin a été construit au XIIème siècle, à proximité d'une carrière de marne d'où le nom du lieu dit, « La Marnière ».

appartenant au Seigneur de Dannemois, ce moulin sert à alimenter le fief en farine.

Tous les serfs du domaine viennent y moudre leurs grains moyennant de lourdes taxes.

Endroit stratégique du système féodal, ce moulin à grain est déjà au Moyen Age un haut lieu de la Seigneurie de Dannemois.

Légende ou réalité, la petite histoire raconte que Jeanne D'Arc, au Xvème siècle, y fit étape trois jours, sans doute pour s'y restaurer, en se rendant à chinon à la rencontre de Charles VII.

 

Il n'en faut pas plus pour que Claude décide d'acheter cette propriété, pour un peu moins de 46 000 euros d'aujourd'hui.

Véritable domaine, elle s'étend sur cinq cents mètres carrés habitables et trois hectares de terrain, traversée par une rivière baptisée l'école, qui regorge de truites.

La promesse de vente est signée avant la tournée frénétique de l'été 1964 et se concrétise sur le papier, le 18 septembre de la même année.

Pour Claude, le déraciné, ce jour restera l'un des plus beaux de sa vie.

Il savoure à ce moment-là, une nouvelle revanche sur la vie.

 

Très vite, il décide d'entreprendre des travaux pharaoniques afin d'embellir son domaine.

Il sait exactement ce qu'il veut et ce qu'il faut pour transformer son moulin en un univers de rêve et de détente.

Et pour cela, il ne lésine pas sur les moyens.

Rien n'est trop beau pour son paradis.

Homme de goût, Claude a le sens du raffinement.

Il meuble le Moulin avec des pièces anciennes qu'il achète lui-même chez des antiquaires.

Il mélange du mobilier de style Renaissance espagnole avec des meubles contemporains.

Il confie à l'architecte Gabrielli la restauration intérieure et extérieure des bâtiments.

Des 1965, statut d'idole oblige, il se fait construire une véritable piscine hollywoodienne, face à une dépendance qu'il a baptisée la « maison américaine » en référence à son aménagement très avant gardiste.

De sa chambre, il peut admirer chaque matin l'eau bleu du bassin en forme de palette de peintre.

Soucieux de l'esthétique, il n'hésite pas à choisir le plus beau carrelage pour revêtir le fond et les bords de sa profonde piscine.

Tout autour, il installe un mobilier blanc des plus tendance.

A partir de ce moment-la, dès le retour des beaux jours, la piscine devient le point de ralliement des réceptions au Moulin.

Plus tard, ce sera un terrain de jeux idéal pour les enfants de l'idole.

Claude fait également dessiner un jardin à l'anglaise par Monsieur Moser, un paysagiste de la ville de Paris.

Au Moulin, Claude veut être tranquille.

Pour se protéger des ardeurs de ses fans, il fait dresser tout autour de la propriété de hauts murs.

Le 8 novembre 1967, il acquiert près de 2000 m2 de terrains avoisinants afin détendre sa propriété.